Histoire

Historique de la Cathédrale

Saint Brieuc, Moine évangélisateur VIe siècle, par Xavier de LANGLAIS (1906-1975), Cloitre de la maison Saint Yves à Saint-Brieuc.

Les origines de la cathédrale

Selon la Vita Briocci, un manuscrit latin qui semblerait dater du XIe siècle, un moine nommé Brieuc (Brioc), originaire de l’actuel Pays de Galles, débarqua au vie siècle, à la tête d’environ 80 moines dans l’estuaire du Gouët, dans le but d’évangéliser ce territoire.

Brieuc s’était aménagé un oratoire près d’une source : la fontaine Orel ou fontaine Notre-Dame. (Marguerite de Clisson, comtesse de Penthièvre, au début du XVe siècle, fit recouvrir la source d’un dais et l’oratoire de saint Brieuc fut surmonté d’une chapelle : Notre-Dame de la Fontaine.) Alors que Brieuc et ses compagnons se reposaient près de cette source, ils rencontrèrent un chasseur du chef breton de la région dénommé Riwal. Ce dernier leur aurait fait don d’un domaine connu sous le nom de « champ du Rouvre » où ils construisirent un monastère. Au fil du temps, une bourgade se développa.

À l’époque des invasions normandes, la majeure partie des reliques de saint Brieuc sont transportées à l’abbaye Saint-Serge d’Angers.

À la fin du XIe siècle, ou plus sûrement au début du XIIe siècle, Saint-Brieuc et Tréguier deviennent les sièges de deux nouveaux évêchés bretons. On ne sait rien de la première église cathédrale de Saint-Brieuc. L’évêque avait probablement établi son siège (cathèdre) dans une église de la ville.

Saint Guillaume Pinchon (Evêque de 1220-1234) Cathédrale Saint Etienne à Saint-Brieuc

Construction de la cathédrale.

 

La construction d’une cathédrale en pierre de style roman fut commencé vers 1180, par l’évêque Geoffroy de Hénon (1164-1202).

En 1210, l’évêque Pierre (1208-1212) y ramena les reliques de Saint Brieuc de l’abbaye Saint-Serge d’Angers.

La construction de la cathédrale, se poursuivit dans le style gothique sous l’épiscopat de Sylvestre Rolland (1213-1220) puis sous ceux de Guillaume Pinchon (1220-1234) et de son successeur Philippe (1235-1248). Le 12 avril 1247, pendant l’épiscopat de Philippe, son prédécesseur fut canonisé par le Saint-Siège. Saint Guillaume fut alors vénéré dans sa cathédrale où l’on peut voir aujourd’hui encore son gisant.

Dès cette époque les dimensions de la cathédrale étaient celles de l’édifice actuel.

Coeur Gothique XIII Cathédrale Saint Etienne à SAINT-BRIEUC

Les guerres de succession de Bretagne et les destructions de la cathédrale

 

Cent ans plus tard, au cours des guerres de succession du duché de Bretagne, la cathédrale va être endommagée par les Anglais, en 1346, puis incendiée à la fin de l’année 1353.

Ces destructions sont en grande parties dues au rôle défensif de la cathédrale dont la tour nord, la tour Brieuc, faisait office de donjon.

L’évêque Guy de Montfort (1335-1357) entreprend très vite une reconstruction en commençant par le chœur qui fut achevé en 3 ans (1354-1357), en réemployant de nombreuses pierres issues de l’ancien édifice.

La nouvelle cathédrale fut très rapidement achevée par son successeur Mgr Hugues de Montrelais (1357-1375). En 1375 Saint-Brieuc résista au siège des troupes ducales de Jean IV. Mais en 1394, la ville fut prise par les troupes du connétable Olivier de Clisson qui la pillèrent et laissèrent la cathédrale en piteux état.

Chapelle haute XV Cathédrale Saint Etienne à SAINT-BRIEUC

Nouvelle période de reconstruction.

 

L’évêque Guillaume Anger (1385-1404) entreprit immédiatement la restauration du chœur et la construction de la tour Marie afin d’augmenter la puissance défensive de l’édifice.

Son successeur Jean de Malestroit (1404-1419) reconstruisit le pignon de l’aile nord du transept et l’orna d’une magnifique verrière qui fut détruite par une tempête en 1735.

Pendant tout le XVe siècle les travaux se poursuivirent, notamment sous l’épiscopat de Jean Pregent (1450-1472), qui fit édifier la chapelle haute du pignon de l’aile sud et la dota de grands et beaux fenestrages. De style flamboyant cette chapelle est sans conteste l’un des joyaux de la cathédrale. Construite pour abriter le tombeau de saint Guillaume, dédiée à saint Mathurin, elle devait être surmontée de trois étages, dont le premier destiné à la « librairie » (bibliothèque). Faute de moyens financier le dernier étage ne fut pas réalisé.

Diverses chapelles furent cependant bâties sur l’aile nord du transept et le pourtour du chœur.

Tapisserie des gobelins l'apocalyspe selon Saint Jean Musée d'Angers.

Mgr André Le Porc de la Porte (1618-1632) répara promptement les dégâts occasionnés par les Guerres de la Ligue (1589-1598). Il fit refaire tout le mobilier du cœur, et il commanda aux Gobelins une tapisserie de la vie de saint Brieuc. Cette tapisserie était placée autour du chœur afin de protéger les chanoines du froid…L’on y trouvait aussi une représentation de tous les évêques de Saint-Brieuc avec les dates de leur épiscopat. Cette œuvre très admirée fut vendue, moins de cent ans plus tard, pour financer de nouveaux travaux dans la cathédrale !

Nef Cathédrale Saint Etienne depuis la chapelle haute.

En 1712 la nef menaçant de s’effondrer, Monseigneur Louis Frétat de Boissieux (1705-1720) vendit la tapisserie des Gobelins pour la réédifier sur les plans de son compatriote auvergnat Jean Poullié dit « La Jeunesse ».

C’est aussi à cette époque que le sol de la nef et des transepts de la cathédrale fut rehaussé avec ajout de terre battue, de manière à arriver à la même hauteur que le cœur, ce qui permit de cacher à la vue de tous la base des piliers dont le style roman ne correspondait plus au goût de l’époque et au style classique adoptée pour la réédification de la nef.

Nef et transept cathédrale Saint Etienne à Saint-Brieuc

En 1794, la cathédrale devient le temple de la Raison, puis de l’Être Suprême. Et successivement elle sert de salle de bal, d’étable à bœufs, de remise à canons et de théâtre pour les fêtes républicaines. Les statues, autels, ornements religieux et une partie du mobilier, ainsi que le plancher du chœur sont détruits.

Lorsque la cathédrale est rendue au culte en 1799, elle est en si mauvais état qu’il est envisagé de la démolir.

Tirettes orgue Cavaillé Coll XIX Cathédrale Saint Etienne à SAINT-BRIEUC

Le XIXe siècle sera finalement une période de restauration importante pour l’édifice.

En 1801, le Concordat officialise le cadre départemental des nouveaux diocèses. Des neuf diocèses que comptait la Bretagne avant la Révolution française, il n’en reste plus que cinq (le pays Nantais faisant encore partie de la Bretagne). En 1802, Monseigneur Jean Baptiste Caffarelli (1802-1815) est nommé évêque de Saint-Brieuc. C’est à lui que reviendra la tâche de donner à la cathédrale, sa fonction d’église mère du nouveau diocèse de Saint-Brieuc. En 1852, celui-ci sera renommé « diocèse de Saint-Brieuc et Tréguier ». Le très beau retable de l’Annonciation réalisée en 1745 par le sculpteur Yves Corlay a été donné et mis dans la cathédrale au début du XIXe siècle, sous le Concordat, tout de suite après que la cathédrale ait été rendu au culte. (voir description dans les pages concernant les œuvres d’art).

Le XIXe siècle vit aussi la restauration des voûtes, du déambulatoire, de la nef, du chœur, du transept et de nombreux fenestrages. Parmi toutes ces restaurations nous pouvons noter surtout celle de la chapelle absidiale par Victor Ruprich Robert, ainsi que la pose des vitraux de cette dernière et du grand vitrail du transept sud (voir description dans les pages concernant les œuvres d’art). Les frères Étienne, ébénistes bretons de renoms, installés à Trévé, restaurèrent le buffet d’orgue et réalisèrent la chaire dans le style du XVIIIe siècle, les stalles et les confessionnaux. En 1848, l’orgue est remplacé par un instrument réalisé par le facteur d’orgue Cavaillé-Coll. Le grand porche entre les deux tours est terminé, et le porche du Martray est reconstruit. En 1852 la foudre détruisit la flèche de 26 mètres de haut qui surmontait la tour Marie. C’est après cet incendie que les tours furent coiffées de hourds rappelant leurs anciennes fonctions défensives. Les fenêtres de la tour nord furent agrandies, laissant ainsi mieux passer le son du nouveau bourdon.

 Victor Ruprich-Robert, 18201887, architecte en chef des monuments historiques, inspecteur général des monuments historiques et historien de l’art, il fut le suppléant de Viollet-le-Duc.

Chapelle axiale XV et XIX cathédrale Saint Etienne à Saint-Brieuc

Le XXe siècle verra plusieurs campagnes de remise à niveau.

Depuis la loi de 1905, les travaux, aménagements et embellissements sont pilotés par l’Architecte des monuments historiques. Les évêques et la paroisse sont affectataires, c’est à dire que le lieu leur est réservé pour le culte. Classée monument historique en 1906 elle continuera à recevoir des embellissements comme la pose de la balustrade tréflée à la base des fenêtres haute du chœur, la pose des vitraux d’Hubert de sainte Marie, la création d’un autel dans la chapelle de la Cherche.(notre Dame de la cherche, chapelle axiale appelée ainsi du fait de la déambulation autour du choeur). En 1955 et 1956, la terre battue est enlevée, et l’on redécouvre le sol en pierre, la base des colonnes primitives.

Les vitraux du déambulatoire avaient été brisés à la révolution et remplacés provisoirement par du verre clair, Hubert de Sainte Marie dote la Cathédrale d’un ensemble de vitraux contemporains. Un chemin de croix sculpté par  Georges Saupique vient orner les bas cotés en 1958.

Avec l’arrivée d’une liturgie plus compréhensible et plus proche de l’assemblée,  la paroisse aménage à la croisée des transepts un emmarchement pyramidal et un autel de célébration en granit dans les années 60. Le mobilier et le plancher du chœur tel que vous le voyez aujourd’hui a été réalisé en 2008.

Entre 2009 et 2019 de grands travaux sont entrepris par les Monuments historiques en phases successives à l’intérieur de l’édifice pour lui donner l’aspect que nous lui connaissons désormais. Le Saint Sacrement (réserve Eucharistique) est placée dans la chapelle axiale, les fonds baptismaux sont mis en valeur par une représentation de la trinité.